Approche critique de sa peinture

Approche critique de sa peinture

« La flèche de l’oeil dans la cible de l’instant » disait le prix Nobel Octavio Paz, ainsi, de plusieurs instants sont constitués les tableaux d’Emmanuelle PODGAIETSKY et nous allons essayer de les saisir :

Premier instant : la couleur.

Les peintures de cette artiste répondent à un ordre de complémentarité juxtaposé où la couleur ne se retrouve jamais orpheline. Les mauves, les violets, les lilas, les verts atténués, agrémentés des magentas, témoignent d’une féminité extravertie. Les couleurs froides sont majoritaires symbolisant le ying pour la culture orientale, la nuit et les profondeurs de l’esprit, voire la pénitence, pour la culture occidentale. La couleur arrive à s’imposer sans besoins impérieux de lumière, remplit sans cesse tous les espaces visibles et invisibles de la toile.
Les couleurs ne se disputent pas une place privilégiée, tout au contraire, elles promènent le regard sans le heurter tout en donnant la possibilité d’un deuxième regard plus approfondi. Elles vont plus loin encore, puisqu’elles s’étalent jusqu’aux cadres donnant ainsi une deuxième dimension au désir pictural en quête d’infini.

Deuxième instant : la forme.

Bien que les compositions des sujets traités vont de l’abstrait au portrait, la forme remplit aisément l’espace sans créer une platitude lassante. Les volumes sont bien distribués lorsqu’il s’agit des portraits donnant aux lignes une élégance épurée. Les visages sont longilignes exprimant une verticalité apaisante croisée par l’horizontalité des yeux qui fixent le spectateur au point de l’interroger mais sans le dévisager. Cette figuration qui échappe à un Abstrait expressionniste répondrait à un Néo-primitivisme sans pillage culturel. C’est à dire, une figuration qui évoque des éléments ethniques transposés à notre modernité.
Les portraits de cette artiste sont des visages d’une beauté africaine stylisée et nostalgique, dépourvue de folklore et tradition, mais réalisés plutôt avec un intérêt plastique et ornemental. Par contre, ces œuvres abstraites expriment un lyrisme personnel sans souci de représentation qui nous rappelle l’école américaine de Kooning, Motherwell ou Kline.

Troisième instant : le fond.

Sans aucun doute il y a dans la peinture d’Emmanuelle PODGAIETSKY une forte sensualité qui est l’aboutissement d’une intériorité désincarnée. La gestuelle devient jouissive lorsqu’il s’agit d’expression figurative. L’abstrait en revanche, au-delà d’une « pérégrination colorée » s’impose comme paysage d’une intériorité qui soulage et qui apaise. Bien qu’elle passe de l’abstrait au figuratif, sa thématique langagière est constante, ce qui démontre une maturité expressive.
L’affectif loin de s’exprimer à forte dose, ne reste pas en suspens : tout au contraire, il réveille des sentiments enfouis créant un dialogue entre l’intériorité de l’artiste et le spectateur. Enfin, après avoir posé un regard averti sur les tableaux d’Emmanuelle PODGAIETSKY, nous arrivons à la conclusion qu’elle n’utilise aucun raisonnement intellectuel dans ses compositions, ainsi, nous imaginons qu’elle cherche à exprimer une beauté universelle sans entraves.

Francisco BOTTARO Critique d’art 20/10/2004
critique d’art
20/10/04

L'univers d'Emmanuelle vu par Caryl Férey, écrivain

L'univers d'Emmanuelle vu par Caryl Férey, écrivain

Le soleil s’accrochait à la surface, refusait de sombrer.
Elle le voyait se débattre depuis ses fenêtres,
Toutes couleurs affolées,
Elle s’en était collé le long de sa cuirasse
Des fenêtres ouvertes sur un monde qui ne la voyait pas,
Jeu de dupe où elle ne savait plus, à force,
Qui était le masque
Et qui était le miroir…
C’est qu’elle attendait depuis longtemps,
Cerclée de perles plumes apparats fruits du temps,
Ça lui faisait des bouffées sensuelles
Toute cette chaleur
Et une peau de sable à soulever des mirages,
Ça la rendait poudre,
Pétale, pollen poivré,
Depuis sa tour d’ébène, elle s’inventait des rôles
Isis, Ishtar, Bethsabée, Iris, Lelahel, Maharani…
Elle enfilait des noms de reines mortes
Comme autant de pierres précieuses à ses colliers,
En se demandant s’il y avait un endroit pour tout ça,
Après tout elle attendait l’inconnu,
Et personne ne lui avait rien dit de ce qui arriverait,
Ni comment.
Elle se tenait droite, pourtant elle voyait bien qu’il y avait du jeu
entre elle et le monde-derrière-ses-fenêtres,
Un silence bancal qui la faisait vaciller,
Sa part d’abîme qu’elle contemplait avec ses grands yeux de marbre…
L’homme, elle savait l’espèce ambiguë, il fallait s’en méfier…
- et commencer par soi ;
Pour se donner du courage, elle disait
« Ne pas avoir peur de ce qu’on naît »
Mais ça ne la rassurait pas :
Quelqu’un approchait…
Elle se figea temple au bord du Nil,
En priant le feu
« Mon Dieu mon Dieu ! Ne me sauvez pas ! »
Elle voulait être l’agneau, la louve, tous les autres à la fois !
On l’avait rendue totem mais son sang bouillait sous l’écorce :
« Goûtez, goûtez vous dis-je ! »
Il suffisait de traverser la distance,
Brouiller les codes et la matière,
Sa mélancolie lumineuse…
Il arriva queue de comète, et l’emporta dans ses rais.
Inutile de la cueillir, elle se ramassait à mains nues :
Mémoire carcasse tellurique
Irruption syndrome chinois
Elle vola en éclats…
De ses anciennes strates, il ne resta bientôt plus qu’une
palpitation colorée et des souvenirs de jardin suspendu.
« - Ame sœur, qu’as-tu vu ?
- J’ai vu ta peur dans la glace et le battement de tes cils sur sa peau… »
Oh ! douce et brûlante harmonie des contraires… elle pouvait reposer la
tête sur l’oreiller et, sereine enfin, fermer les yeux.
Elle n’était plus promise,
Elle était toutes les femmes.

Caryl Férey

Biographie de l'Artiste

1997-1998
- 1ère année de formation en art-thérapie à l’ATEPP-CEFAT (Centre d’Enseignement et de Formation en Art-Thérapie) à Paris XIV.
- Cours de dessin et d’aquarelle : Atelier « Les Pinceaux » - Paris XIV.

1998-1999
- 2ème année de formation en art-thérapie à l’ATEPP-CEFAT – Paris XIV.
- Cours de dessin : Atelier de Pontault Combault (Seine et Marne).
- Création et animation d’un atelier d’arts plastiques et d’art-thérapie destiné aux enfants (Seine et Marne).
- Exposition dans une galerie de jeunes créateurs à Rennes.
- Exposition collective à Châteaudouble (Var).

1999-2000
- 3ème année de formation en art-thérapie à l’ATEPP-CEFAT- Paris XIV.
- Animation et création d’un atelier d’art plastiques et d’art-thérapie pour enfants (Seine et Marne).
- Co-animation dans un atelier d’art-thérapie dépendant de l’hôpital psychiatrique de Melun.
- Rédaction d’un mémoire en art-thérapie et constitution d’un dossier plastique pour la soutenance du diplôme d’art-thérapeute.
- Cours de dessin statuaire à l’Ecole Boulle.
- Cours de nu à l’école Duperré.
- Formation en modelage sur terre – Atelier « Les Pinceaux »- Paris XIV.

2001
- Obtention du diplôme d’art-thérapeute.

Emmanuelle Podgaietsky - Artiste Peintre

Email : emmanuelle.podgaietsky@gmail.com